lundi 10 novembre 2014

Dovrefjell

Bonjour à tous!
Oui, ça fait 100ans que je ne vous ai rien raconté ici... enfin plus d'un an en tous cas...
Mais, j'ai décidé de me re-boter l'arrière-train, et nous voila repartis pour des aventures, qui ne sont pas vraiment nouvelles vous le verrez assez rapidement mais qui méritent bien d'être racontées. Je n'épilogue donc pas plus sur le sujet et vous laisse avec l'article du jour (et vous aurez aussi de la chance si ce n'est pas l'article du mois :) )

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Dovrefjell donc.

Randonneur perdu sur les pentes des Dovrefjell
Dovrefjell est une chaîne de montagnes norvégienne, dominée par le pic de Snøhetta. Elle délimite historiquement le nord et le sud de la Norvège. Mais Dovrefjell est aussi un parc naturel dans lequel on peut observer certains des derniers groupes de rennes sauvages, et surtout, des bœufs musqués (moskus en local), réintroduits dans le parc en 1932 depuis le Groenland.

Nous avons donc profité du weekend de la pentecôte début juin (oui, ça commence à dater...) pour partir voir les bœufs musqués et randonner pendant 3 jours avec des copains venus de France spécialement pour l'occasion. Nous partîmes donc 4.

Pour aller a Dovrefjell on part de Oslo après le travail, on dîne à Lillehammer (Pepe's Pizza, un grand moment) et on arrive tard la nuit au camping de Hjerkinn. C'est le lendemain qu'on commence notre "petite balade" de 3 jours.

Carte d'époque
Départ de Kongsvoll le matin, vers 11h. On commence par une montée d'environ 1km dans les arbres. Déja là des traces de la présence de bœufs musqués, puisqu'on trouve de la laine dans les arbres. Il faut rappeler que ce sont des bêtes de la famille du mouton, et non de celle du bœuf (l'instant culture). 

Juin c'est apparemment la période où les bœufs musqués perdent leurs poils d'hiver.
Lorsqu'on sort des arbres, on arrive sur un plateau herbeux, sur lequel on ne tarde pas a voir des bœufs musqués. D'abord un mâle tout seul, puis une famille avec plusieurs petits! Il faut faire attention car les bœufs musqués ne sont apparemment pas des intellectuels, pas le genre à réfléchir beaucoup avant de foncer sur vous et vous piétiner jusqu'à ce que mort s'ensuive. Il est dont très fortement conseillé de ne pas approcher les bêtes à moins de 200m, ce qui n'est pas très difficile à réaliser tant qu'on est sur du plat.

Famille de moskus - crédit Monsieur

Le chemin longe ensuite une rivière et des falaises, et c'est évidement là qu'un bœuf a décidé de se planter à coté du chemin pour regarder passer les touristes. Evidemment, cela nous force à faire un peu de grimpette, peu pressés que nous sommes de finir en crêpes. 

Moskus qui attend le bus
Marius attend toujours - crédit Monsieur
La prochaine épreuve que nous traversons est une rivière. Ici début juin ce n'est pas encore tout a fait la saison, et donc, les ponts saisonniers ne sont pas encore installés. Là, moi, je me suis dit, "chouette, on va devoir s’arrêter là, on a vu des bœufs musqués et on va dormir dans un bon lit ce soir, gagné gagné". C'était sans compter sur la persévérance de mes 3 co-marcheurs qui n'en avaient pas eu assez du tout. Il a donc fallu traverser à pieds cette rivière d'eau glacée, et, comme on était en juin, elle était bien gonflée. On a donc du remonter le courant sur à peu près 1km pour que la rivière soit moins profonde, on a enlevé nos pantalons et on a traversé, en slip. Ça resserre les liens du groupe!

Non mais j'allais pas vous montrer monsieur en slip non plus ein
L'eau dans tous ses états
Suite à cette petite escapade hors des sentiers tout court, on a cru qu'on était presque arrivés. Pas de bol, on n'était pas encore à la moitié. Et la météo a commencé a se déteriorer. Il s'est donc ensuit 3 heures de marche dans un plaine imbibée d'eau, où j'ai espéré à chaque colline que le refuge se cachait derrière. Il y a même des petites cabanes sur la route pour faire croire qu'on est arrivés!

Le petit cabanon qui te fait croire que t'es arrivé alors qu'en fait non
C'est donc après environ 17km, soit 7 heures de marche, et sous la pluie qu'on arrive à la cabine DNT de Reinheim. On est bien mouillés et bien crevés, et bien heureux de pouvoir mettre nos pieds dans des chaussettes sèches et autour du poêle. Cette hytte est selvbetjent, ce qui signifie qu'elle a une cuisine avec de la nourriture et tout l'équipement nécessaire pour se faire à diner (et des toilettes écologiques à l’extérieur), mais pas de gardien. On sort donc nos sacs de turmat (comprendre nourriture de balade) et miam miam le bon petit dîner! Ainsi s'achève notre première journée, dans une chambre avec 2 lits superposés, parfaite pour nous 4.

Ici vit Roger
Fumoir à poisson, à 5m de la rivière histoire de ne pas perdre de temps
Le lendemain il fait grand beau temps et on a une jolie vue sur les flancs de Snohetta depuis la hytte. On se dit que vu la neige on ne va pas en tenter l'ascension (qui est faisable depuis Reinheim en 1 journée), et que vu la fatigue de nos jambes on va juste faire une petite balade au soleil.

Le "point d'eau" pour faire la cuisine et se laver les dents à la hytte
On part donc direction le col de Skardkollen et Amotdalhytta. On grimpe jusqu'au col, survolés par des buses patues, puis pique nique et sandwiches. On continue ensuite à travers les névés et les cailloux pendant une bonne partie de l'après midi, avec en fond les montagnes de Sunndalfjell. On arrive en vue de Amotdalhytta, sur les bords du lac Amotsvannet et on bifurque à gauche pour retourner à Reinhem.
Ascension au petit col
Belle buse patue - crédit monsieur
Des cailloux et des cailloux et des cailloux
Là bas au loin le refuge de Amotdalhytta
Ce faisant on passe en vue de la montagne de Drugshøi, sorte de falaise impressionante. C'est alors qu'on perd le chemin, en voulant prendre un "raccourci". On se retrouve empétrés dans un névé qui déscend un peu trop et qu'on doit finalement completement remonter pour récupérer un nouveau chemin. D'autant plus qu'il se met à pleuvoir et qu'un orage semble s'approcher. Heureusement on a une vue sur toute la vallée et on rejoint la hytte sous la pluie mais sans trop de délais. On aura finalement marché 6 heures et une quinzaine de km. Pas mal pour une "petite balade de repos". Au refuge on n'est plus seuls. On recontre d'autres randonneurs qui nous disent que eux, ils ont traversé la rivière à pieds avec leurs chaussures et qu'ils se sont pas plus posé la question...

La montée du Klondike
Drugshoi


Le troisième jour arrive avec ses douleurs dans les jambes. Personnellement je boite avant même de commencer à marcher. On décide de rentrer par un autre chemin qu'à l'aller, histoire d'éviter la traverséee pieds nus, et on passe donc au sud de la rivière. Et pour ce faire, eh bien, il faut traverser la rivière devant la hytte. Evidemment. Cette formalité remplie, on emprunte le chemin du retour sous un temps incertain qui va en s'améliorant et avec cette fois beaucoup de névés. En effet, ce côté là est sur les flancs de Snohetta.

Oui c'était un peu humide


Il y a encore pas mal d'eau sur le chemin et quand il n'y a plus de névés, ce sont plein de petites rivières qui nous forcent a faire des détours. En face, on voit d'autres marcheurs qui traversent notre rivière du premier jour à pieds. On re-rentre dans le territoire des boeufs musqués sans s'en rendre compte jusqu'à ce que l'un d'entre eux, qui était tapis dans le bas coté du chemin (comme ils aiment bien le faire) ne sorte des buissons apeuré par notre arrivée et parte au galop (enfin un galop de boeuf musqué). Grosse peur de notre coté aussi nous qui ne l'avions pas vu.

Marius court raconter a ses potes qu'il nous a fait une blague - crédit Monsieur
La végétation redevient plus verdoyante, et il y a même des buissons qui poussent alors qu'on se rapproche de l'arrivée. On croise un gros groupe de bœufs musqués sur le banc de la rivière et il faut faire un gros détour dans les buissons qui m'arrivent à la taille afin de rester dans la zone de "sécurité". D'autant que les bêtes n'ont pas l'air bien tranquilles et qu'un couple de randonneurs arrive dans le sens opposé au notre. C'est l'occasion de récupérer de la laine sur les buissons. Elle est douce et très chaude. Mais soudain me vient un idée. Qu'arriverait-ils s'ils me sentaient et n'appréciaient pas trop que je porte l'odeur d'un (ou de plusieurs) des leurs sur moi?

Marius a ramené ses copains - crédit Monsieur
Y'a aussi des gloutons à Dovrefjell

La journée se finit dans la douleur après 16km de marche en 6h. Arrivés à l'autoroute (oui, après 3 jours dans les marécages j'appelle ça une autoroute) il faut remonter les quelques km qui font la différence entre les chemins aller et retour. Monsieur boite et moi je n'en suis pas loin, on ne pourra donc pas remercier assez Pierre et Vincent qui sont allés chercher la voiture pour nous!

Un week end sportif donc, pour la feignasse que je suis, plein de bêtes étranges, d'eau glacée et de cailloux. Plus que 5h de route et on prendra une bière bien méritée à Oslo!